solitude, passé, futur

Froid

Il sentait le froid transpercer son corps. Ce n'était pas tant la température qui le gelait à ce point, mais plutôt la solitude. Il alluma une cigarette, en même temps qu'il démarrait. Il mit la radio, toujours la même depuis près de 9 ans. Et tout en conduisant il réfléchissait à sa vie, comme à chaque fois qu'il prenait la direction de sa maison. Il avait besoin de changement, c'était sa conclusion, le besoin que même son corps ressentait.
Il arriva chez lui, démarra son ordi avec la musique. Pour ne rien arranger à sa mélancolie, ce fut sa chanson préférée d'une tristesse à faire pleurer un mort.
Cela faisait quelques mois qu'il était venu dans cette ville ou il pensait rencontrer des personnes qui partageraient sa vie. Malheureusement il n'avait pas rencontré grand monde lui convenant. Il se sentait seul. Ses amis se trouvaient loin et il n'avait pas pour habitude de partager ses moments de déprime avec eux. Il savait que l'amitié permettait se genre de rapport : le partage des moments forts qu'ils soient bons ou mauvais. Mais il pensait que ses amis n'avaient pas besoin d'entendre sa vie en ce moment. Alors il se mit à écrire pour exorciser sa solitude.
Tous les soirs il rentrait chez lui, et tous les soirs il se retrouvait seul, sans personne avec qui parler. Il aimait avoir des moments de solitude, mais là c'était trop. Il voulait parler. Il voulait sentir des bras autour de sa taille, sentir un corps contre le sien, sentir l'amour qu'il recevait et donnait. Mais pas ce soir, pas demain.
Il savait qu'en fin de compte il resterait seul, qu'il finirait sa vie seul. On lui avait prédit. D'habitude il ne croyait pas ce genre de chose, mais la personne qui lui avait prédit, l'avait regardé droit dans les yeux en le lui disant. Leur regard s'étant croisé il avait pu voir au fond de ses yeux, la vérité : cette homme lui avait dit l'avenir qu'il prévoyait.
Depuis il ne se passait pas un jour sans qu'il se rappelle ce moment, ces mots.
Bien sur il avait rencontré beaucoup de personnes, dont, il savait, il ne laissait pas indifférent. Mais aucun ne correspondait à ce qu'il cherchait, il le savait.
Il ne savait pas ce qu'il cherchait. De la tendresse, beaucoup d'amour, de l'intelligence et un brin de mystère et cette autre chose qu'il ne parvenait pas à définir.
Ces derniers jours il avait fait connaissance de personnes intéressantes, mais en les regardant il savait que ce serait pour un court moment, or ce n'était pas ce que recherchaient ces personnes, alors pour ne pas les faire souffrir, il décidaient de ne pas approfondir ces relations.
Le téléphone sonna.
Son meilleur ami, ils se remontèrent le moral. Mais sitôt le téléphone raccroché, la solitude revient.
Il repensa aux personnes qui avaient compté dans sa vie, il ne savait toujours pas pourquoi il avait rompu avec elles. Et les voir heureuses avec d'autres le rendait souvent malade. Malade car il savait que quelque part on l'oubliait, petit à petit, et qu'il avait peut être fait un mauvais choix.
Il voulait changer de vie. Il avait déjà réussit deux fois. Deux fois ou il avait réussi à acquérir une toute autre façon d'agir, de penser, où il avait été quelqu'un d'autre, quelqu'un de mieux.
Pourquoi mieux ? Car il n'oubliait jamais les erreurs qu'il avait commises.
Oublier.
C'était souvent son problème car il n'oubliait rien et surtout pas les petits détails. Et dés lors qu'une personne le faisait souffrir, même brièvement, sans méchanceté, et avec peu d'intensité, il n'oubliait pas et cela cassait la relation.
Cette fois il voulait changer, mais il ne savait pas comment, que voulait-il devenir ? Comme les autres ? Superficiel ? Non.
Il voulait pouvoir rencontrer d'autres personnes.
Mais pour changer, il savait que cette fois il devrait mettre de coté bon nombre de personnes qui avaient fait partie de sa vie et c'était difficile, il savait pas s'il était prêt.
Il penser ne ressembler à personne qu'il connaissait dans cette ville.
Il était tel le caméléon, il pouvait devenir celui qu'on attendait, pour peu que la ou les personne(s) lui importe(nt). Mais il voulait pouvoir être enfin libre, être celui qui restait caché, celui qui ne sortait qu'en de très rares occasions et que personne ne connaissait.
Mais avant de vraiment pouvoir être lui, il savait qu'il devrait encore attendre des années, pour être assez fort. Comme un enfant venant de naître, son Lui était fragile, s'il prenait maintenant possession de sa vie, il savait qu'il se briserait et ne pourrait pas se relever.
Une personne le connaissait vraiment, son jumeau, son âme sœur, son autre lui. Il se ressemblait à tout point de vue et seul leur sexe et leur age pouvaient les différencier. Ils étaient identiques, réagissaient de la même façon, mais l'un avait appris à toujours réfléchir avant d'agir suivant l'expérience de son aînée. Jamais il n'avait fait quelque chose qu'il n'avait pas calculé, certes parfois il n'avait pas tout calculé et s'était cassé les dents. Mais il avait toujours réussit à en tirer profit.
Le tréfonds de son âme n'était connu par personne, aucun de ses amants n'avait réussi à creuser suffisamment pour le découvrir. Peu être était-ce pour ca qu'il n'était pas resté avec. Ils n'avaient pas su découvrir la personne qu'ils aimaient. Mais, lui, aurait-il du leur montrer ?
Non car il se sentait pas assez fort.
En écrivant il se souvint de la première fois ou il avait souffert :
Il avait quatre ans et donna la vie à un cabri. Pour la première fois de sa vie, il s'était senti grand et heureux. Grâce à lui un petit être vivant n'était pas mort. Cette instant avait été magique. Il lui avait suffit de placer ses petites mains dans le ventre de la mère et de tourner le petit pour qu'il puisse le tirer à l'extérieur. Sa maman était venu le réveiller en pleine nuit, car il était le seul à pouvoir le faire (il fallait de petites mains). Il avait pleurer avec sa mère, le bébé dans ses bras. Dès lors il s'occupait tous les jours de l'animal, il lui donnait tout son amour. Puis un jour il ne vit plus l'animal. On lui avait enlever, voler son amour. Juste parce qu'il était assez gros pour être manger. Les adultes cherchèrent l'animal dans toute la montagne et tout le village, mais aucun résultat et rien ne put jamais consoler l'enfant.
Personne ne connaissait son enfance.
Quelque part il le regrettait, quelque part il se sentait protéger.
Il en avait longtemps voulu à ses parents d'être des paysans, d'être ce que tout le monde fuyaient, critiquaient et méprisaient. Parce qu'ils n'avaient pas d'argent, qu'il était habillé avec les vêtement qu'on donnait à ses parents, qu'il sentait les animaux. Il leurs en avaient voulu, ils les avaient détesté et il avait eu honte. Mais personne ne connaissait ce passage.
Personne ne savait que depuis l'age de 4 ans il avait travaillé.
Sa grand-mère lui permis de dépasser ce stade. En effet à cinq ans il donna un cours à des élèves beaucoup plus âgés que lui, il leur expliqua comment faire le fromage, le beurre. A cinq ans il avait déjà fait plusieurs fromages et les plaquettes de beurre il n'arrivait pas à les compter. Il avait pu lire l'admiration sur les visages des grands, sur les enfants qu'il enviait : les citadins.
A partir de ce moment il ne regretta jamais le travaille qu'il faisait.
Il se souvint qu'à l'age de sept ans, les gens se pressaient devant les fenêtres de la cuisine du restaurant pour voir l'enfant qui faisait les crêpes, qui servaient, qui établissait le note en calculant mentalement. Puis à 9 ans il emmenait des groupes d'adolescents découvrir la montagne, les plantes, les animaux. Il adorait enseigner ce qu'il savait.
Mais dès qu'il retournait vers le monde civilisé, il oubliait ses moments là, et avait de nouveau honte de ses parents, d'être ce qu'il était.
Il était différent. Il s'aperçu à la même époque qu'il aimait les garçons, ce qui l'éloignait encore plus des autres, il se rapprochait des filles, mais il y avait toujours d'énormes secrets.
Personne ne connaissait se passage.
Personne n'avait eu le besoin ou la curiosité de savoir ce qu'avait été son enfance.
Il mit beaucoup de temps à assumer sa vie dans son ensemble. Et quand il repense à son enfance, finalement il en est fier.
Il est fier d'avoir pu aider sa mère, d'avoir participer au revenu familial, de savoir que sa mère lui est reconnaissant de ce qu'il a accompli. D'avoir pu lui dire qu'il l'aimait et qu'il ne la remercierait jamais assez pour lui avoir donné la vie et fait de lui ce qu'il était.
Sa mère le connaît parfaitement, tout comme il l'a connaît elle-même. Il est fier d'avoir une relation - qui dépasse l'amour mère-fils - d'égal à égal.
Mais ce soir il est seul, sa famille, ses amis ne sont pas là. Il est seul et dormira encore sans ressentir d'affection, il ne s'endormira pas enlaçant et enlacé. Seul l'accompagnera la peluche offerte pas son frère. Il y tient à sa peluche. Son petit frere sachant qu'il était un pd, comme disent les autres, la lui avait offerte en lui disant : ‘je t'aime grand frère'. Oh oui il y tient à cette peluche. Mais la peluche ne va pas lui parler. Pas ce soir.
Elle ne va pas le serrer dans ses bras. Non. Pas ce soir.
Il va changer, mais pas ce soir, pas demain.
Demain il va reprendre le boulot, il pourra communiquer. Mais il rentrera encore chez lui, seul.
Il décida de se coucher, pour être à demain.
On se sait jamais. Peut-être que finalement demain ça sera différent. Il l'espère, mais n'y croit pas.