nuit, jour, espoir

La lune brillait

La lune brillait. Il pleurait. Il était seul.

Il regardait le reflet des étoiles dans l’eau. Il jeta un galet.

Il pleurait toujours.

Il venait de quitter l’être qui le faisait vibrer. L’homme qui commandait les battements de son cœur. Celui par qui il respirait et sentait le bonheur d’être en vie. Mais les larmes continuaient de descendre le long de ses joues. Les gouttes salées tombaient sur sa chemise. Il les laissa faire. Il en retirait un tel plaisir.

Ces larmes n’étaient pas des larmes de tristesse ou de peine mais des larmes de joie. – Cela pouvait paraître enfantin, bêtifiant ou même dévalorisant, mais il sentait son cœur débordé de joie. Il pensait qu’on ne pouvait pas être plus heureux et pourtant chaque minute qui passait, faisait croître son plaisir, comme lorsque l’on est au bord de la jouissance. Mais la ce n’est ni un souffle rauque, essoufflé ou un cri, mais les pleures qui s’échappèrent de son corps. – Il ne se rappelait pas avoir ressenti un tel bonheur. Le bonheur de lire l’amour dans les yeux de l’être qu’il adorait. Bien sur il avait été amoureux bon nombre de fois, mais comparé à ce qu’il ressentait maintenant, il se demandait s’il n’avait jamais été amoureux. Il savait avoir trouvé sa moitié, il savait la chance qu’il avait. L’amour qu’ils ressentaient ne nécessitait les mots que pour entendre le son de leur voix.

Pourtant ils venaient de se rencontrer, il y a quelques minutes, quelques heures … mais cela paraissait déjà une éternité. Ils avaient l’impression de se connaître depuis toujours.

Leur rencontre n’était pas banal, ils avaient commandé en même temps un sandwich au vendeur dans la rue. Ils ne s’étaient pas encore regardé, trop absorbé par leurs pensées. L’homme qui leur servit leur repas, sourit et se tourna vers l’un des deux en demandant de régler la totalité des deux grecs. C’est alors qu’ils se regardèrent droit dans les yeux.

Le temps sembla passer lentement, mais ils n’avaient plus conscience du temps. Le regard de l’autre était si … profond, captivant, intense, pure.

Le vendeur annonça de nouveau la somme, et ils se mirent à rire. Un billet se retrouva dans la main du commerçant, qui en revenant avec la monnaie ne trouva plus personne. Etranges ces deux garçons…

Ils avaient tous les deux leur dîner entre les mains et riaient toujours lorsque leurs yeux se rencontrèrent une deuxième fois. Alors le rire laissa place au silence, à la confusion et la gêne.

Pas un mot ne fut échangé, une main glissa tout naturellement dans une autre. Et le sourire fit de nouveau rayonner leur visage.

Les mains qui étaient gelées par le froid furent réchauffées en quelques instants. La chaleur ne s’arrêta pas aux mains, leur corps s’embrasèrent presque de désir. Non un désir charnel, mais un désir plus profond, plus intense encore et plus solide.

Ils oublièrent bien vite leur repas et firent connaissance, même si les gens qu’ils croisaient pensaient certainement qu’ils étaient en couple depuis pas mal de temps. C’est ce que l’on pouvait ressentir en les voyant. Mais ils commençaient tout juste à se découvrir.

Maintenant l’homme qu’il avait aimé dès le premier regard avait du rentrer pour retrouver sa famille, tout en jurant revenir demain.

Et lui il resta là à pleurer de joie car il avait enfin trouvé l’écrin de son cœur.

Dans son cœur le soleil se levait.